To-morrow, and to-morrow, and to-morrow,
Creeps in this petty pace from day to day,
To the last syllable of recorded time;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle!
Life's but a walking shadow, a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.

MacBeth, Acte scene 5

J'ai toujours apprécié la poésie de Shakespeare, cette façon qu'il avait d'écrire les sentiment hummains, sentiments toujours complexes.

Il n'est rien de plus triste que de se rendre compte de la tristesse de sa propre existence. Et l'abattement qui s'en suit ne fait que s'enfoncer plus profond sa peine et effacer peu à peu les traces de sa vie.

Il n'y avait rien à faire, à part attendre que çà passe. Que le Temps fasse son œuvre. Que l'esprit s'échappe. Mais s'était sans tenir compte de cette faiblesse qui était la mienne, cette pathétique habitude, que beaucoup essaient d'excuser . Pas moi, je suis terriblement conscient de ce que je suis, et je ne l'assume pas toujours, c'est ce qui ajoute à ma souffrance. Mon regard se posait sur ce qui m'entourait. Le soleil couchant quelques gros nuages laissant apparaître à travers eux quelques rayons, un vent léger mais glacial, l'automne était très en avance, des rues inanimées, des maisonnettes éclairées, d'où s'échappent des filets de fumée de cheminée. Au loin, dominant le village, le château. Et mes pas me portaient vers cette enseigne qui pour moi était miteuse à ce moment-là. J'approchais vers la porte en bois, chute vers le désespoir.

Le barman, chauve et grand , à la face pâle qui contrastait avec la très faible luminosité du lieux.
La serveuse, blonde et souriante, bavardait avec les deux seul clients attablés dans un coin. J'accrochais mon veste bleu-marine et m'installais à l'autre bout, dans la pénombre. Il valait mieux s'isoler et rester discret. Je m'interrogeais; n'était-ce pas plutôt une certaine honte qui me faisait me cacher?; Non, je ne me cachais pas, je préférais seulement éviter les rencontres qui déboucheraient sur des questions auxquelles je ne souhaitais pas répondre, éviter les jugements.
De manière générale on ne m'avais pas appris à m'épancher en public, à chercher à attirer l'attention sur son sort, non, très peu pour moi. Même si cela peut apparaître comme de la froideur, de la rigidité, je m'en moque.

Lorsque la serveuse vint vers moi pour prendre ma commande je demandais une bouteille de Whisky, que je m'empressais d'entamer. L'alcool, fuite en avant, oui, choix débile et pas très original, certes. Mais et alors? C'est vrai, c'est triste mais je comptais sur le pouvoir de la boisson pour m'assommer un bon coup et repartir sur un autre pied. Le sucre lentement qui réchauffe les joues, la gorge, le liquide qui embue le regard et libère l'esprit. Je sentais déjà que mes ennuis commençaient à s'envoler, ce soir j'aurais l'esprit léger, pas tourmenté, ce serait parfait!

Ce qu'elle était drôle cette bouteille, et cette serveuse alors! Ahaha, une vrai tête d'autruche! L'euphorie stérile de la perspective de me saouler rendait mon regard sur les gens et les choses plutôt inhabituel. Avant de reprendre un deuxième verre, j'hésitais. Et restais sans rien faire un moment, mis à part regarder mon verre vide et , comme une migraine chronique le, le train des soucis qui rattrapait son retard et de nouveau entrait en moi. Boire n'était finalement pas la bonne solution, çà n'avait définitivement pas marché. Je décidais de régler la bouteille et de m'en aller.
Je me trouvais bête, j'avais été naïf en pensant que en venant ici , je ferais table rase du passé, que je serais reparti sur de nouvelles bases. Laissant mes problèmes à jamais derrière moi. Grossière erreur.

Alors que j'ouvrais la porte du bar et sortais je regardais vers mes pieds, tête baissée, méditant mon retour au château. Il allait venir l'heure du diner des professeurs, où l'on ferait connaissance entre collègues, préparerait la rentrée de demain, et profiterait de notre dernière soirée de « liberté », j'étais partagé entre deux sentiments, d'un côté j'étais content de rencontrer mes nouveaux compagnons, d'autant que d'après ce que j'avais lu dans la Gazette du Sorcier, il y avait cette année de nombreux nouveaux au sein du corps enseignant. J'espérais qu'il étaient plus ou moins de mon âge. D'un autre côté je me disais que ce diner allait être une véritable épreuve , et je ne me sentais pas en état de feindre la bonne humeur ou de préparer ma rentrée, non vraiment pas.

Une fois à l'extérieur, la nuit tombante me rappelait mes escapades nocturnes d'il y avait à peine cinq ans pour la dernière, en tant qu'élève de ces lieux. Une femme marchait face à moi, elle allait croiser mon chemin bientôt, et alors je m'efforcerais de l'ignorer, de faire, après-tout comme tout-le-monde fait quand il croise un inconnu dans la rue, « faire comme si de rien-était », se forcer à regarder devant soi et surtout pas poser le regard sur cette personne. C'est-ce que j'allais faire. Enfin était-ce ce que je voulais vraiment? Je ne sais pas si c'était l'effet de ce verre de whisky ou bien, un soudain relan d'anti-conformisme, mais je réalisais que non ce n'était pas ce que je voulais.

Je m'arrêtais donc et regardait dans les yeux cette jeune femme, toute blonde et mince, avancer inexorablement vers moi, enfin, sans doute allait-elle au Trois-balais, mais il lui faudrait de toute façon passer à côté de moi, et elle ne pourrait pas s'empêcher de poser son regard sur moi, juste une fraction de seconde...comme tout le monde le fait quand on croise un inconnu. Je la suivais vraiment du regard, elle était jeune, jolie, et marchais de ce pas décidé qu'on les personnes pressées qui ont du caractère à revendre. Sa démarche était légère, ce qui contrastait avec mon immobilisme, sans doute avais-je l'air balourd. D'autant que je n'étais pas rasé depuis trois jours et que je me trimballais en jean et hoodie gris avec une veste bleu-marine slim. J'avais plus l'air d'un teenager refusant de grandir que d'un professeur de Hogwarts! Je tacherais de remédier à ce petit détail vestimentaire avant le diner, pas d'inquiétude. Pendant que cette demoiselle approchait je me demandais comment elle allait réagir face à mon regard persistant, me prendrait-elle pour un pervers, un abruti fini, rougirais-t-elle?

[HJ: voilà je prie pour que tu sois pas trop déçue! :D ]

La nuit tombait. On était en début de soirée, Poudlard était calme. Les cours n’avaient pas encore commencé et nous étions arrivés, nous les professeurs, la veille. J’étais nouvelle, et d’après ce que j’avais lu dans la Gazette du Sorcier, je n’étais pas la seule. Quasiment tout le personnel avait été remplacé. Pourquoi ? Personne ne le savait. Ils avaient même été jusqu’à avoir un nouvel infirmier et un autre concierge. Grande réforme apparemment. Enfin, je n’étais pas quelqu’un de timide, et rencontrer de nouvelles têtes ne m’effrayait guère. Après tout, la vie est faite de rencontres.

En septembre les soirées étaient encore chaudes, et comme je n’aimais pas être seule, je sortis du collège. Où pouvais-je aller ? Telle était la question. Quoi que pas très compliqué, puisqu’il n’y avait qu’un seul endroit où l’on pouvait encore rencontrer des gens. Je parlais bien évidemment de Pré-au-Lard, seul village où il n’y avait que des sorciers. Pré-au-Lard, c’était un endroit rempli de rues commerçantes. Vous pouviez y trouver n’importe quoi. En passant par de l’équipement de Quidditch à un magasin de farces et attrapes, sans oublier le célèbre bar des Trois-Balais. Et par cette chaude soirée de fin d’hiver, je comptais y aller. Combien de fois je n’y avais pas prit une bière au beurre quand j’étais moi-même élève ? Tous les week-ends, à partir de la troisième, je m’y rendais. Mais même avant, j’accompagnais les Serpentards des années supérieurs à l’insu des enseignants. Jeune, je n’étais pas très apte à suivre les règlements. Je les ignorais même totalement. Et quand je me faisais prendre, j’inventais qu’on m’y avait forcée. La belle époque… Quoi que non. C’était une belle époque. Car avoir des regrets, regretter les temps passés, est signe de faiblesse. Signe que l’on ne trouve pas son bonheur à l’heure actuelle. Et j’étais, on ne peut plus heureuse. J’avais trouvé un boulot bien payé, qui plus est dans la matière que j’adorais. Et mon plan avançait très bien. En résumé, j’avais tout pour être heureuse, et je l’étais.

Je descendais donc la grande rue commerçante, passant devant Zonko, Animalerie, la banque. Avant d’atteindre la rue centrale, et de me diriger vers les Trois-Balais. Mais après tout, pourquoi ne pas aller à la Tête du Sanglier ? C’était aussi un bar. Mais beaucoup moins accueillant qu’au Trois Balais. C’était plus un endroit pour les voyageurs voulant rester incognito. Même les bouteilles de bière au beurre qu’ils servaient avaient l’air de ne pas vouloir montrer ce qu’elles contenaient. Mais je m’entendais bien avec le barman, et souvent, à la fin de la soirée, j’avais des verres gratuits. Décidée, je pris le chemin du bar. Enfin, au pire, si il n’y avait personne, les Trois Balais ce trouvait à deux pas. Alors que je reprenais ma marche, un homme sorti justement du bar de Mlle Rosmeta. Il avait l’air… perdu. Ne savant pas trop où aller. Enfin, un passant comme un autre, je continuais mon chemin. Mais celui-ci s’arrêta. Et j’eus la vague impression qu’il me fixait. Imagination ? Non, je ne crois pas.

Je ne fis plus attention. Mais alors que je tournais la tête dans une autre direction, il continua à me regarder. Bon. Pas que je n’aimais pas ça, mais c’était tout comme. Résolue, je changeai de direction, et me dirigeai droit sur lui. S’il avait un problème, qu’il me le dise en face. Mais qu’il arrête bon sang, de me fixer comme si j’étais un animal de foire. Moi méchante ? Non, je montais juste très vite sur mes grands chevaux. Oui, vous pouvez rire. Mais soit, passons.

Alors que de loin, je l’avais pris pour un homme vieux, enfin la quarantaine passée, plus je m’approchais, plus il me paressait jeune. Un peu plus vieux que moi sans doute. Il était habillé plutôt dans le genre adolescent rebelle, comme s’il refusait de se plier à une loi quelconque. J’avançais de plus en plus vite, mais gardant toujours la tête haute, et maintenant je gardais les yeux fixés dans les siens. Pour lui montrer que non, je n’étais pas intimidée, que non, je n’avais pas peur. Je m’arrêtais face à lui, une trentaine de centimètre nous séparant. Il devait être surpris, et ne devait pas si attendre. Tant mieux, j’aime surprendre. Les mains posées sur les hanches, les sourcils froncés, je lui adressai la parole.

- Il y a un problème ? Vous me fixez depuis toute à l’heure.

Malgré tout, je savais rester polie. Alors mon petit gars, que passa ?

[HJ : Je ne suis pas déçue :D ]

Oui, comment allait-elle réagir? Mais d'abord réagirais-t-elle tout simplement, elle pourrait tou aussi bien feindre l'ignorence, et jouer comme toutes ces filles trop conscientes de leur physique, et trop prétentieuses pour se permettre de regarder quelqu'un dans la rue. Le verre que j'avias pris devais m'avoir tapé un peu le nez, pourquoi jouais-je à çà alors qu'en fin de compte, je n'éprouvais aucun plaisir à le faire? La réponse est simple et tient en un mot: "curiosité". Je suis quelqu'un de curieux, pas des affaires personelles des gens, mais des choses qui font la vie. Et pour le coup, je considérais que mon attitude était pour le moins curieuse aussi.

Le soir tombait et la brise caressait le bourg, un cycle se terminait pour laisser place à un autre, celui du temps insouciant des vacances d'été, et celui de l'année scolaire. Une fin, un début. Tout réglé comme du papier à musique. La musique qui occupait mon esprit en ce moment était à l'image de mon humeur;
"The English Ladye and the Knight " de Loreena McKennitt. Cela aurait pu donner le bourdon à quelqu'un d'autre, moi çà me pansait le coeur, et dans mon esprit comme une cuillère de miel dans une gorge malade.

Les choses s'accéléraient, je ne voyais plus, où était donc passée cette jeune femme. Que devenait ma perception des choses qui m'entouraient? J'étais trop lent (l'alcool? Non je n'avais pas assez bû!) pour capter tout en détail. Le fait est que je retrouvais nez-à-nez avec la femme en question. Elle avit fait brusquement volte-face, et de sa démarche déjà rapide avait bondit vers moi en deux secondes, une attaque? Elle était là, à quelques centimetres à peine de moi, je pouvais presque me voir dans ses pupilles, bon sans exagérer elle était vraiment tout près. Le regard droit et irrité d'yeux bleus, les sourcils froncés, le teint parfait, le visage mince et les cheveux long,fins, et blonds. Euh, je croyais être à Pré-au-Lard, et qu'est ce qu'on m'envoie, une mannequin d'Europe de l'Est s'étant paumée en cherchant la Fashion Week! Et qui joue les effarouchées façon agressive beauty Mais, sur le moment je ne remarquais pas le côté amusant du personnage.
A vrai dire j'étais plus que surpris, limite troublé par cette brusque introduction.

- Il y a un problème ? Vous me fixez depuis toute à l’heure.

Ouch, le ton était sec mais courtois, je devinais la pointe d'agacement contenue avec peine, dans cette si jolie bouche. La voix laisssait deviner encore une fois un caractère explosif. Quel retournement de situation! Je n'aurais pas imaginé çà, le fait qu'elle prenne l'initiative et vienne carrément m'accoster et me parler. Bon je devrais faire avec. Je me souviens avoir réussi à ne pas bafouiller, je m'étais redressé, la regardant dans les yeux (facile ils étaient vraiment tout près), j'avais pris ma respiration, en profitant de l'intensité du regard. Enfin je me lançais:

- Euh c'est-à-dire, enfin, je ne voulais pas vous faire peur, mais oui je vous suis du regard depuis environ vingt secondes...pardonnez-moi...

J'hésitais à continuer, ce qui suivait aurait pu être mal interprété, mais après tout j'allais être enfermé dans un chateau pour les dix prochains mois, alors "just do it" comme disait l'autre;

-...Mais, vous avez attiré mon regard, et j'admet ma faiblesse...je n'ai pas pû m'empecher de...enfin...

L'expérience était un échec, ou un succès, je ne savais plus.

-Veuillez m'excuser.

Bon inutile de faire durer un moment pénible et embarassant. J'aurais vraiment aimé lui dire quelque chose qui ressembalit à du Shakespeare mais je dois avouer que mon inspiration n'était pas là, trop confus par ces problèmes, cette nullité d'avoir essayé de me saouler, par cette demoiselle. Cependant, bien qu'aillant dit mes derniers mots sur un ton de départ. Je restais encore là, tout près de son regard inquisiteur. Elle avait les mains sur les hanches, comme une petite fille contrariée. C'était drôle. Je commençais à sourire légèrement. Peut-être ma deuxième erreur.

Après tout, peut importe ce qu'une inconnue peut bien penser de moi, je le pense aujourd'hui, je le pensais à ce moment-là. Une pensée survint immédiatement apès cette réflexion à moi-même; pourvu qu'elle ne soit pas élève à Hogwarts, et si c'était le cas pourvu qu'elle ne me reconaisse pas là-bas, ou sinon j'aurais une réputatiion d'alcoolique fini et on me collerait l'étiquette du prof en dépression, merci bien!

Je redevenais léger, lucide, et pleinement conscient. Autant tout était allé très, voire trop vite pour mon esprit tout à l'heure, autant maintenant, quelques secondes après à peine, c'était l'inverse. Au contraire, je ressentais presque un moment d'éternité, comme quand on sait au fond de soi qu'on assiste à quelque chose dont on se souviendra longtemps. La nuit tombait, le calme regnait, et cette fille et moi, restions là, comme des pantins. Enfin moi surtout, elle, semblait plus dans l'initiative, et devait craindre l'innaction.

Elle rompit très vite le silence qui s'était installé, après mon explication plutôt déplorable, qu'est ce que vous voulez, on ne peut pas être au top tout le temps.

- Je ne peux pas t’en vouloir bien longtemps.

Ah bon, ben tant mieux alors. Mais qu'est-ce que j'avais fait pour meriter cette clémence? Et puis, pourquoi me tutoyait-elle maintenant? Se sentait-elle assez proche de moi pour çà. Justement, elle avait pris du recul par rapport à un instant plus tôt, sans doute, l'effet d'accusation. Je devais avoir trouvé grâce à ses yeux puisqu'elle continua:

- Je suis Nell Holly. Professeur de Sortilège à Poudlard, et en l’occurrence, directrice de la grande maison Serpentard. Et vous ? Vous travaillez dans un des magasins de Pré-au-Lard ?

Tiens, elle se présentait, ce qui signifiait qu'elle voulait au minimum faire connaissance. Je redevenais cette fois complètement conscient, çà m'avait "réveillé" en queque sorte d'entendre le mot "Professeur", j'allais de surprise en surprise avec cette Nell. Elle venait de me dire qu'elle était Directrice, et de Serpentard en plus, (je notais au passage l'adjectif associé à Serpentard dans sa bouche, elle venait de cette maison c'était clair)! Mais elle ressemblais plus à une...ah oui c'est vrai, les nouveaux profs. En tous cas s'ils sont tous jeunes comme Nell, alors mon souhait de tout à l'heure était exaucé! Je dois admettre que l'idée de passer l'année scolaire avec Miss Holly, était assez bonne. Même si je réalisais que ce n'était pas la meilleure façon de débuter une relation (vous enflamez pas relation professionnelle hein, je vous vois venir sinon).
Et, au fait...argh mais elle est pas élève, c'est pire elle est prof...c'etait sûr, ma réputation serait faite.
Mais pourquoi, lorsqu'on souhaite très fort que quelque chose n'arrive pas, il arrive quand même. Il allait falloir la jouer serré, et rattraper le coup sinon... je préfère ne pas imaginer ce qu'il pourrait y avoir après le "sinon"

Elle voulait donc en savoir un peu plus sur ce mec bizzare qui la "zyeutait" dans la rue, un soir à Pré-au-Lard. Et comme j'avais retrouvé mes esprits, je me rendais compte à quel point ce qu'elle venait de faire était dangereux, il y à quelques temps, elle aurait mieux fait de ne pas venir parler à quelqu'un qui l'observait...du courage, ou de l'inconscience? Quoiqu'il en soit, elle attendait une réponse, et voulait que je me présente à mon tour.

- Et bien, pour ma part je suis Erwan...juste Erwan Hodge, et non je ne suis pas un commerçant du coin.

Je décidais de ne pas dire , du moins pas tout de suite, que moi aussi je venais d'être nommé à Poudlard, je voulais savoir ce qu'elle allait faire, dire, sans que l'on soit obligé de se mettre des barrières, des attitudes stéréotypées, parce qu'elle serait au courant de nos rapports hiérarchiques. Nous aurions réagi différement. Et puis, elle serait plus nature.

Je continuais de la regarder, elle ressemblait vraiment à une enfant dans un corps de femme. Comme ces fillettes gatées par leur entourage et de vraies chipies en réalité. Je décelais chez elle, une fierté non dissimullée, et une pointe d'impatience, quelque chose prêt à démarer au quart-de-tour, paré à l'attaque, à n'importe quel moment. Aussi, pour ne pas rester sur ma mauvaise note, je décidais d'essayer d'améliorer la chose.

-Miss Holly, j'aimerais me faire pardonner, mais l'originalité n'est pas mon fort ce soir, alors s'il y a quelque chose que je pourrais faire pour vous et pour me rattraper?

Je me sentais de moins en moins à l'aise, rester dehors, à la nuit tombante dehors, ne me branchais pas vraiment. En plus, il y avait eu cet article dans le journal moldu de la région, journal que je devais lire étant le nouveau prof d'Etude des Moldus. Cet article était étrange, il parlait d'une série d'attaque de troupeaux de moutons, et de bruits étranges couplés à des apparitions mystérieuses dans la région de Poudlard. Bien sûr étant sorcier, je savais qu'il y avait 70% de probabilités pour qu'il s'agisse d'un phénomène magique. J'avais moi-même avec Peter mon meilleur ami d'alors, tenté derésoudre un mystère magique en monde moldu. Ce qui continuait à me faire penser que la jolie Nell, n'avait pas dû réflechir beaucoup, bien sûr les Temps Obscurs étaient passés, mais beaucoup de sorciers avaient gardé les habitudes de cette époque, la discrétion, la prudence... . Et, sorcière ou pas elle restait une femme seule, fâce à un homme, dont elle ignorait tout ou presque. Encore une fois je ne saurais dire si c'était une tactique ou si c'était complètement de l'inconscience. Le fait qu'elle soit directrice de Serpentard me faisait plutôt pencher du côté de la première solution. Il est connu de tous que les gens passés par Serpentard sont plutôt rusés.

Nell tiqua une fraction de seconde après que je me sois présenté, l'aspect innachevé de ma réponse avait fait son effet, mais, elle effaça ce trouble très rapidement, et comme si ce que j'avais dit n'était qu'un détail pour l'instant, et que cela allait se régler plus tard, elle reprenait un air normal, plutôt sérieux. Ca devait cogiter sec sous ces cheveux blonds.

Elle eut un moment non pas de faiblesse, mais de "blanc". Son regard s'était perdu dans le vide, elle avait vacillé, et s'était forcée pour ne pas se laisser tomber ou se prendre la tête entre les mains. Le tout en trois secondes, pas plus. Comme un malaise fugace, un prémice éclair. Mais Nell, si son apparence la montrait très féminine, plutôt douce et fragile devait posséder un caractère impressionant et une volonté de fer. Car elle se reprit aussitôt. Et lançà:

- Mmmh, effectivement, vous pourriez faire quelque chose pour moi ce soir. Voudriez-vous bien m’emmener boire un verre dans un bar ?

Tiens, voilà qu'elle me revouvoie, peut-être parce que je la vouvoie moi-même et qu'inconsciemment elle s'est remise une distance entre nous deux? Et puis, je dois avouer que je m'attendais à autre chose, l'inviter à prendre un verre, voilà qui était plutôt banal, après sa réaction plutôt "sanguine"[HJ: :P ] de tout à l'heure, je m'attendais presque à ce qu'elle m'envoie sur les roses, prétextant qu'elle n'avait nul besoin d'un homme, qu'elle était bien mieux toute seule. C'est drôle l'idée que l'on se fait des gens, dès les premiers instants, et comment les gens nous surprennent presque toujours.

...Même si c’est plus une affirmation, qu'une question.

Alors-çà! Là çà collait tout de suite mieux avec ce que je pensais tout à l'heure. Elle venait de me donner presque un ordre, la petite demoiselle exigeait que je l'invite à une table. Je réfléchissait un court instant et préférait ne rien répliquer, étant donné que j'allais passer l'année à venir avec elle...autant ne pas commencer à se faire des inimités. Et puis à ce moment là j'aimais bien ce petit air capricieux, ce bout de femme téméraire et orgeuilleuse, j'aimais bien.

-Eh bien soit, je vous invite et avec plaisir! Mais allons plutôt aux Trois-Balais, celui-ci est trop sinistre pour s'y sentir bien.

Je m'avançais vers Nell Holly, directrice de Serpentard, attendant qu'elle se tourne vers la bonne direction et marche à mes côtés.

-Je ne vais pas vous inviter à dinner, le premier soir ce serait mal venu, et puis il y à déjà un dinner de prévu ce soir au Chateau il me semble! Alors ce sera juste à boire. Mais est-ce que tout va bien? Vous vous sentez bien?

Evidemment, elle allait se poser des questions sur le fait que je sois au courant du dinner de pré-rentrée de ce soir entre nouveaux et je doutais qu'elle aurais apprécié me voir à ce dinner dans quelques heures elle soit ravie de découvrir par elle même que j'étais aussi un prof, mais bon. De plus, son moment d'innadvetance m'avait un peu troublé,, et j'éspérais qu'elle n'allait pas me faire le coup du malaise.

-Et je ne dirai à personne que vous buviez.

Elle me fit un clin d'oeil complice. Allait-elle mieux ou se forçait-elleElle ne le dirais pas, forcément puisque nous allions de nouveua boire, dire au barman des Trois Balais que je venais justement de la Tête de Sanglier, et il nous aurais demandé de payer d'avance pour verifier qu'on avait pas déjà tout dépensé chez son concurent. Enfin, qu'entendait-elle par là? Sentait-elle quelque chose? Savait-elle déjà qui j'étais? Trop de questions à la fois! Je palpais mes gallions dans ma poche pour vérifier que j'avais de quoi lui offrir ce que mademoiselle exigeait. Ca allait.

Donner l'illusion, faire semblant, jouer un rôle. J'étais doué en tout cela. Je faisais donc en sorte que rien dans mon expression, dans mes gestes, dans ma voix, ne trahisse ma légère inquiétude quant à cec.Après avoir fait rentrer Nell à l'intérieur en lui tenant la porte, nous nous installions à une table. Je remerciais le ciel de n'avoir bu que deux verres tout à l'heure ou alors j'aurais été dans un état lamentable au dinner de ce soir.

-Qu'est ce qui vous ferait envie?

Pendant qu'elle réflechissait j'essayer de savoir ce qui lui été arrivé tout à l'heure dans la rue, si elle était folle, belle, malade, charmeuse, dangereuse pour les hommes qui croisaient son regard et qui devait sentir leur coeur s'emballer, quels secrets cachait-elle sous ce joli visage? Car on a tous nos secrets, plus ou moins lourds, mais on en a tous. J'esperais bien faire sa connaissance ce soir avant de retourner avec elle au chateau.

Je souriais toujours. J’aimais bien lancer de petites piques, remarques aux gens. Me montrer supérieur en soi. Je n’étais pas quelqu’un de gentil. Je n’aimais pas la gentillesse, même si je savais être polie. Mais qui dit politesse, ne dit pas forcement gentillesse. De plus, j’avais une conception des choses très particulières, très « nellienne ». Je ne faisais jamais ce qui ne me plaisait pas. Bon point pour un sorcier non ? Celui-ci n’a qu’à se servir de sa baguette magique, et hop, c’est fait. Pauvres moldus. Je ne pouvais pas imaginer comment dure était leur vie. Je n’aurais pût supporter de naître en tant que tel.

- Eh bien soit, je vous invite et avec plaisir! Mais allons plutôt aux Trois-Balais, celui-ci est trop sinistre pour s'y sentir bien.

Parle pour toi, Erwan. J’aime ce qui est sombre, sinistre. Sans être triste, toute fois. Mais ce n’était pas une si mauvaise idée. Vous voir en ma compagnie, et surtout à la Tête de Sanglier pouvait éveiller des soupçons, parfois infondés, comme ici. J’allais souvent là-bas pour m’informer de certains projets, chercher certaines informations, avec des gens plus que louches. Déguisés, cachés, afin que personne ne les reconnaissent. Pour ma part, je ne mettais qu’une cape. Après tout, qui s’attaqueraient à un professeur de Poudlard, qui plus est directrice de Serpentard ? Je vous le demande.

- Je vous suis.

Erwan s’avança vers moi, allant en direction des Trois Balais. Je l’accompagnai.

- Je ne vais pas vous inviter à dîner, le premier soir ce serait mal venu, et puis il y à déjà un dîner de prévu ce soir au Château il me semble! Alors ce sera juste à boire. Mais est-ce que tout va bien? Vous vous sentez bien?

- Effectivement. Un bon et grand dîner. Pas de problème. De toute façon, je n’ai pas encore faim. Je veux juste boire.

Boire, seul remède à mon mal. Un peu, beaucoup. Ça me faisait le même effet. Parfois j’avais même l’impression que ce n’était pas moi qui me saoulais, mais quelqu’un d’autre. À l’intérieur de moi. Impression ou pas, c’était bizarre. Il savait qu’il y avait un grand dîner ce soir ? Bon, j’en présumais que tous les habitants de Pré-au-Lard devait être au courant qu’à chaque nouvelle année, un banquet ce préparait, enfin, je supposais. Et il me demandait si ça allait. J’étais censée répondre quoi ? Oui ? Non ? En soit, je ne le connaissais pas. Je lui avais adressé à peine quelques phrases. Et Nell ne se dévoilait pas directement.

- Ça va. Je me sens bien, j’ai juste besoin de boire, boire assise.

Je regardais droit devant moi, pour ne pas me rétamer dans la rue centrale. Je me retournai une demi-seconde vers lui, le temps de lui adresser un petit sourire de côté. Ce n’était pas un sourire sympathique, juste un sourire pour lui faire comprendre de ne pas continuer sur cette voie.
On était arrivé devant le bar. Et on s’apprêtait à entrer. Je voyais déjà d’ici le monde à l’intérieur. Tant mieux pour eux ou pour moi ? Nous verrions bien.

- Qu'est ce qui vous ferait envie?

Bonne question… Je voulais quelque chose de passablement fort, pour effacer tout ce qui arrivait. Me faire revenir dans mon corps, me rendre tous mes esprits, enlever cette présence que je sentais venir en moi. Non, ce n’était pas ambigu. Du tout, je vous assure. Mais en même temps, cette fois-ci, c’est moi qui risquais de passer pour une alcoolique… Oh et après tout, je n’avais pas peur des autres.

- Choisissez pour moi. Surprenez-moi. Mais je veux quelque chose de fort.

On entra aux Trois Balais…

FIN