Voilà. Elle était arrivée ici. Dans ce château immense qu'elle couvait des yeux. Magnifique. Tout était magnifique ici, et pourtant une note de désespoir venait percer tout ce tintamarre. Elle. Cette Chose qui l'habitait, qui faisait maintenant partit d'elle comme Nathanaëlle faisait partit de la Chose. Une peur immense s'était logée en elle depuis le moment où elle avait su qu'elle irait étudier à Poudlard. Comment faire? Ce château était remplis d'enfant, de chair tendre à mordre, et Nath' était certaine qu'un bon nombre de personne comme elle, auraient été ravis de venir ici pour se rassasier. Mais elle n'était pas comme eux, l'instinct sauvage et primitif qui courait en elle ne l'avait pas encore totalement contaminée. Mais elle avait si peur, si peur de faire mal aux autres inconsciemment. Sa force et ses capacités l'élevait au dessus d'eux tous, mais ils lui donnaient le pouvoir de faire mal, et cela elle ne le voulait pas. Bien heureusement, ce soir, la lune disparaissait complètement et laissait le ciel d'un noir d'encre seul avec les étoiles. La nouvelle lune était là et cela soulageait la petite fille. Elle n'aurait pas à faire attention à tous ces gestes et pourrait peut-être se montrer quelque peu sociable avec les gens du château.

Nathanaëlle descendit les longs escaliers qui menaient à son dortoir sur la pointe des pieds. La prudence et le silence étaient les maîtres mots pour chasser correctement, quand elle n'était pas humaine. Elle crispa son petit poing blanc et souffla un bon coup en voyant la foule d'élève qui se pressait dans le hall. Un peur sourde lui étreignit à nouveau les entrailles tandis qu'une autre émotion qu'elle préféra ignorer s'étendit dans son corps entier. Cette masse grouillante d'enfant et d'adolescent lui donnait envie de remonter rapidement et de se rouler en boule dans son lit. Elle détestait qu'on la touche, et cela risquait grandement d'arriver si elle se plongeait dans cette mer humaine de visage, de main et de bras nus qui se frôlaient les uns les autres dans des gestes incontrôlés. Elle respira à nouveau, oxygénant son corps entier, puis descendit une nouvelle marche, crispant un peu plus les poings. La plupart des filles d'ici étaient en jupe et en chemisier à manche courte, ce qui choqua grandement Nathanaëlle qui détestait toutes ces choses créé pour séduire et seulement séduire. Quand elle avait découvert son uniforme, elle avait mis les jupes au feu et était allée se chercher des pantalons et des chemises longues afin de se couvrir au maximum le corps. Elle ne souhaitait pas que les élèves voient les cicatrices qui lui décoraient l'épiderme. D'ailleurs, elle ne voulait pas qu'ils la voient tout court, sauf que cela n'était pas possible.

Elle atteignit difficilement la dernière marche et plongea à nouveau son regard dans la foule. Ses ongles rentrèrent dans sa peau avec une force surprenante et de petites coupures se formèrent d'où le sang s'échappa en minuscules filets. Elle serra les dents et posa son pied sur le sol grâce à un énorme effort de volonté. Elle posa lentement le deuxième pied et remarquant que les élèves, justement, semblaient essayer de l'éviter. Aucun sourire ne vint troubler son visage tant sa concentration pour rester immobile et ne pas courir vers le dortoir était intense. Avec difficulté, elle fit un pas, puis un autre. Et bientôt, elle marcha normalement pour aller dans la grande salle. Voilà le cœur du problème: elle avait faim. Et si les crampes n'avaient pas été si fortes, jamais elle ne serait descendue, cependant elle ne pouvait tenir ainsi toute la nuit et avait décidé de sortir de sa solitude rien qu'un instant pour se diriger vers la nourriture. D'ici, elle sentait déjà les délicates senteurs mélangées des mets qui reposaient sur les tables. Son ventre se retourna tant elle avait faim, et elle pressa le pas. Plusieurs fois, elle dû éviter avec grâce et souplesse des élèves qui se mettaient sur son chemin et qui semblaient vouloir la toucher. Mais à aucun moment ils y arrivèrent. Quand elle arriva près de la porte de la grande salle, elle sentit des ailes lui pousser dans le dos, et dans sa précipitation, elle rentra avec une telle force dans quelqu'un qu'elle n'avait vu, qu'elle retomba à terre. Elle se releva directement et cracha en directement du fautif:

-Tu pouvais pas faire attention?

Elle s'approcha de la jeune fille, des éclairs dans les yeux, les lèvres retroussées sur ses dents, comme prête à l'attaque. Ses membres tremblaient avec désordre et ses nerfs semblaient prêts à lâcher à tout moment tant elle sentait les émotions des gens autours d'elles. Elle planta ses yeux bruns dans ceux de la fautive et la Chose grogna de contentement au fond d'elle-même.


[J'espère que ça te convient!]

Personne ne faisait gaffe, tout le monde me bousculait. Je poussais des "Hé" et des "Ha" quand quelqu'un me donnait un coup de coude ou me marchait sur le pied. Et puis surtout, pas un pour s'excuser. Un élève me hurla dans les oreilles pour en appeler aux autres. Non mais ils se croyaient où eux ? Au concert des Black eyed peas ? Allez-y faîtes un pogo pendant que vous y êtes, je ne vous dirai rien ! C'est à cause des gens comme vous que j'ai pas le droit de sortir pour assister à des manif'. Oui je suis plus petite que la moyenne, mais faut pas croire, y a que du muscle là-dedans, alors faîtes gaffe à ce que vous faîtes !

ça, c'est le discours que je me donnais dans ma tête pour me donner le courage d'avancer un peu plus dans ce bain de foule. J'ai rien contre la foule en particulier, j'aime bien les gens moi, j'aime bien voir plein de têtes. J'avais pas peur non plus de tomber et de me faire piétiner jusqu'à ce qu'à bout de force je rende mon dernier souffle. J'ai pas peur, je suis une Gryffondor, c'est pas des élèves de mon école qui allaient me faire reculer.

- Ex-cu-sez-moi ! M'exclamai-je d'une vois forte tout en me faufilant entre deux personnes.
Un élève en m'entendant me regarda et haussa les sourcils. Quoi il voulait ma photo peut-être ? Y a pas de mal à afficher son autorité. Ma grand-mère ma toujours appris que "soit t'es la mouche, soit t'es la tapette à mouche". Or je n'étais pas du genre à me laisser faire. Gare à vous les mouches ! Super tapette arrive !

J'y croyais, mais vraiment j'y croyais. Comme Indiano Jones qui rentre dans la l'arche perdue à la recherche de son trésor je bravais la foule agressive. J'étais pesuadée que j'allais arriver au bout. Je voyais la lumière qui entrebaillait la porte tel un fil d'or. J'y étais, j'y suis je...

BOUM

ou pas.

Quelqu'un m'avait poussé du coup j'avais quelqu'un dans mon élan qui avait poussé quelqu'un qui avait poussé quelqu'un qui avait poussé quelqu'un. Un joli petit effet domino qui ne m'avait pas trop plu. Et j'étais pas la seule. Une fille se précipita sur moi alors que j'étais en train de remettre correctement ma jupe.

-Tu pouvais pas faire attention? Dit cet animal plein de rage.

Tu seras châtié pour ta témérité. Ah oui mais non, je vais pas prendre la place de l'agneau non plus. Pourquoi ? Non mais POURQUOI c'est toujours moi qui me retrouve en position d'infériorité ? Elle avec ses longs cheveux chataîns et ses longues jambes fines. Maman, pourquoi as-tu épousé un homme qui mesure 1m97 si ta fille est aussi petite ? C'est déguelasse.

Elle me fixa de ses grands yeux marrons. On dirait qu'elle voulait me mordre. Je sais je suis parano, pourquoi voudrait-elle me mordre ? En tout cas elle était impressionante avec cette allure si, si particulière.

- Pas la peine de faire ta sainte nitouche, t'es pas la seule à te faire bousculer ici! Criai-je de ma petite voix d'enfant.

Et puis j'ai craqué. Les larmes me montèrent aux yeux et coulèrent sur mes joues. Non il ne fallait pas que je pleure. Tout mais pas ça. Pleurer en public, pitié tout mais pas ça. Je passais mon bras sur mon visage pour cacher mes sanglots mais mes larmes ne s'arrêtaient pas.

- Je veux pas être la mouche, hoquetai-je.

Une proie si facile, si petite. Une toute petite fille aux cheveux châtain se tenait à terre, devant elle. Ses yeux bruns, affolés, désorientée par la chute, scrutait Nathanaëlle, une légère lueur paniquée dans les prunelles. La jeune brune, justement, aperçut cette infime flamme dans les pupilles de la fautive, et une joie féroce qui ne venait pas d'elle s'empara de son corps, de son cœur, grisant ses sens. La petite fille remit ses jupes en place et plongea de nouveau son regard dans celui de Nathanaëlle, défiant du regard la louve qui s'échauffait, tant elle était en colère. Ses membres tremblaient comme les feuilles tremblent dans un ouragan, et le dégoût que lui procurait le moindre contact se lisait dans ses yeux. Ses instincts lupins reprenaient vie et remontaient à la surface. Un sourd grognement monta de sa poitrine. Mais soudain, tout redevint normal et les tremblements cessèrent brusquement. Ce grognement, non humain, l'avait stoppée dans son élan. La jeune fille réalisa soudain que si elle avait continué, si elle n'avait pas arrêté cette folie, elle aurait très bien put attaquer la petite fille, peut-être la mordre, la déchiqueter! Comment savoir? Nathanaëlle recula de quelques pas, les yeux grands ouverts, terrorisée par ce qui se déroulait autour d'elle, en elle. Plus personne ne l'approchait à présent, mais elle ne s'en souciait pas. Le monde entier pouvait la dévisager, elle s'en fichait. Elle avait failli attaquer quelqu'un en pleine foule, voilà ce qui la traumatisait, ce qui la secouait autant. Comment pouvait-on accepter à Poudlard un pareil monstre?

-Pas la peine de faire ta sainte Nitouche, t'es pas la seule à te faire bousculer ici! Cria la petite fille, couvrant le bruit qui avait soudainement reprit dans le hall.

Mais de toute manière, Nathanaëlle l'aurait entendue, même si elle avait seulement chuchoté: ses sens décuplés ne loupaient rien. Elle entendait tout, sentait tout, voyait tout. Ce qui parfois était un véritable problème: elle ne voulait surtout pas que quelqu'un apprenne ce qu'elle était réellement, et montrer ces dons pouvait amener les gens à le savoir. Elle ne voulait pas, oh non. Si les gens savaient, jamais personne ne voudrait plus l'approcher, elle serait peut-être même enfermée dans une cage pour toujours, réduite à regarder les rares visiteurs assez fous pour l'approcher. Non, elle ne voulait pas d'une vie ainsi, c'était donc pour cela, que sa plus grande peur, c'était que l'on découvre sa para normalité qu'elle haïssait tant. Mais soudain, elle sortit de ses pensées. La petite fille châtain, à terre, pleurait. Des gros sanglots montaient dans sa gorge et perçaient en un bruit sourd. La jeune Serdaigle secoua la tête, abasourdie. Lui avait-elle fait si peur? Ou était-ce seulement parce que tout le monde les regardait que la petite pleurait ainsi? Si cela n'avait tenu qu'à elle et non à la chose, elle serait partie manger, mais la chose avait faillis surgir alors que la pleine lune était loin, et à présent elle se sentait si mal et si coupable qu'elle s'accroupit près de la jeune fille qui avait mis son bras devant son visage, essayant de cacher ses larmes au monde.

-Je suis vraiment... Désolée. Je me suis emportée. Chuchota-t-elle.
-Je ne veux pas être la mouche.

Interloquée, Nathanaëlle se releva brusquement. La mouche? Elle secoua de nouveau la tête, perdue. Qu'est ce que ça voulait dire, la mouche? Etait-ce le jeu avec le ballon, où la personne du milieu, qui s'efforce de l'attraper, s'appelle la mouche? Ou bien la petite fille était en train de péter les plombs, dérangée par la vue que lui avait offert la jeune serdaigle quand elle s'était mise en colère devant elle? Nathanaëlle ne comprenait, sur ce coup là, rien à rien. Elle se recula encore devant le spectacle que donnait la petite fille à terre, la tête dans le bras. Elle fit attention de ne pas toucher la petite fille, mais mue d'un instinct totalement humain, elle s'assit à ses côtés en plein milieu du couloir. Certes, son ventre criait famine, ses yeux pleuraient seuls, tellement l'odeur ici était insupportable, mais elle avait blessé cette petite fille, et surtout, elle s'en voulait d'avoir montrer sa face cachée aussi facilement, et elle préférait que cette minuscule fille oublie tout de suite ce qu'elle avait vu. Défiant du regard quiconque les dévisageait, elle se tint droite devant les yeux moqueurs qui les couvaient. Elle attendit patiemment que la jeune fille arrête de pleurer, essayant ainsi d'engager la conversation, rien qu'un peu, que son esprit soit occupé, et qu'elle oublie, rien qu'elle oublie cet éclat de fureur qui était passé brusquement dans les yeux, dans le cœur, dans l'esprit de Nathanaëlle. Oublie, ma petite oublie. Je t'en supplie.


[Excuse-moi pour ce post minable, je n'étais pas très inspirée!]