Les gens sont tous des idiots, tous des lâcheurs.

On était dimanche, et en tant que professeur de vol, je n'avais aucune copie à corriger, aucun parchemin à déchirer, aucun cours à préparer, bref... Je n'avais rien à faire. Vraiment rien à faire. Et puis, vous savez bien, je déteste n'avoir rien à faire. Alors depuis le début de l'année j'avais établi un programme pour mes weekend et c'était devenu mon train-train habituel. Le samedi était réservé aux entrainements de Quidditch, les évaluations et test, etc; et le dimanche... Tout dépendait de mon humeur, ça pouvait varier de la petite journée pèpère à observer les cas sociaux, à la débauche totale. Une chose était sûre en tout cas, je quittais rarement la Tête de Sanglier. Je m'asseyais à une table du fond et je buvais, buvais, jusqu'à ne plus en pouvoir. J'enchainais les verres, non les chopes, et je ne m'arrêtais qu'une fois la nuit tombée. Je ne vous dit même pas comment je rentre après... Au tout début, j'appelais une âme charitable parmis les professeurs à la rescousse, et puis au fil du temps, je m'étais imposé comme assez bon client, ben oui, je leur vidais presque leur stock de Whisky pur feu en une seule journée...; et donc le patron du pub me trouvait toujours un endroit où loger, ou encore il me ramenait lorsque je devais me lever tôt le lendemain. Ce n'était arrivé qu'une ou deux fois, parce que autant vous dire, j'avais tout de suite imposé mes règles à la directrice: je ne commençais pas avant 10h le lundi. Et étrangement, elle n'avait émis aucune objection à ce sujet...

Toujours est-il que j'étais là, assis à ma table habituelle, dans un coin de la Taverne, une chope de Whisky pur feu à la main, entrain d'observer les cas sociaux. Il était à peu près 12h30, je venais de manger une assiette de crabe de feu; c'est dingue comment c'est bon, par contre c'est rudement cher, faut avouer que pour attraper un crabe de feu déjà...; et j'en étais déjà à ma 3e chope. Le feu, plus que le Whisky commençait à me monter un peu à la tête. Je vidai le verre d'un trait et le reposai avec bruit sur la table. J'attrapai une serveuse au passage, qui n'était pas très jolie cela dit en passant, et je lui en commandai un autre. Le verre arriva sans tarder, client de prestige oblige. J'en bus une gorgée et le reposai à table.

En face de moi, un gros lard me tournait le dos, attablé avec ses amis, qui tous ensemble n'arrivaient surement pas à son tour de taille. Ils se bidonnaient tous à des blagues qu'il racontaient, et ce n'était franchement pas drôle.
Ils faisaient énormément de bruits, et c'était réellement dérangeant. Je n'arrivais plus à penser... D'accord, le whisky y était pour quelque chose, ayant entamé ma 4e chope, mais en même temps, il faisait tellement de bruit, qu'on n'aurait même pas entendu un dragon péter.

- Hé le gros! Baisse d'un ton, parce que baiser un thon t'y arriveras pas.

Sans réfléchir, si un petit peu quand même, je lui avais lancé cette boutade, qui n'en était pas une.
Ils cessèrent tous de rire. Enfait, tout le monde avait arrêté ses occupations pour nous observer. Je me sentis soudain très con. ça m'arrive souvent, je dois l'avouer. Foncer tête baissée, c'est quand même mieux que foncer pète baisé... Je me fais vulgaire. J'arrête de boire. NAaaaaaaaan, je rigole! Mais quand même...
Le gros en question, parce qu'il ne pouvait pas y en avoir d'autre, on ne voyait que lui, se retourna tout doucement. Et là je vis son visage rouge et boursoufflé, de honte ou de rage? Ses traits étaient déformés par la haine et la rage, et je le sentis se gonfler, plus que ce qu'il n'était, c'était possible?
Ses amis me dévisagèrent et semblèrent eux-même apeurés par leur ami.
J'étais mort. Parce que j'avais beau parler, je savais bien que si personne n'intervenait, je me retrouverait la tête sous la table, sans plus aucune dent... J'étais pas une mauviette, ni une tapette, mais essayez de vous mesurer à un éléphant obèse, et vous verrez ce que ça fait... ou plutôt ce que ça risquait de faire.
Il se leva, contorsionné par la haine, et bousculant tables, chaises et personnes sur son passage, il marcha dans ma direction. Chacun de ses pas était un fléau pour le monde. Sans rire.

Je ne bougeai pas de ma chaise, après tout, s'il voulait me frapper, il n'avait qu'à essayer, et quand vient même s'il avait toutes les chances de réussir vu mon état, je n'allais pas fuir. C'était pas mon genre. Affronter la guerre en première ligne. Voilà un homme. Ou un pigeon...
Il leva son poing, prêt à frapper, quand soudain une voix retentit dans son dos, depuis son comptoir.

-DEHORS!

Il ne baissa nullement son poing, mais se retourna pour voir qui avait osé l'interrompre dans sa vengeance. Le tavernier, un très bon ami, se tenait là, l'air menaçant. Il toisait l'idiot sans vaciller ni sourciller. Les taverniers sont les hommes, les vrais. Il le pointa du doigt, l'air menaçant, tellement menaçant que le gros finit par baisser son poing, et pointa ensuite la sortie.

- Pas de bagarre dans mon pub. Sortez avant que je ne vous sorte, grinça-t-il entre ses dents.

Le Tavernier, je n'arrivais jamais à me rappeler son nom, était une véritable armoire à glace, grand et fort comme un taureau. C'était le genre d'homme qui imposait le respect au premier regard, et si pas le respect, la crainte en tout cas. Ils s'affrontèrent un moment du regard, et finalement, l'un de ses amis se leva et entraina le gros vers la sortie, suivi de leur petit groupe.
Je gratifiai mon ami du regard et d'un sourire désolé, et je tirai une nouvelle gorgée de ma chope, comme si de rien n'était. Même si tout le monde me dévisageait.

- Quoi? Vous voulez ma photo?

Les gens se retournèrent et le bruit remonta peu à peu, marquant la fin de mon calvaire de bête de foire. un quart d'heure passèrent sans aucun autre incident. Puis, la porte du pub s'ouvrit, laissant entrer un homme. J'entamais mon 6e verre.

- Hé! Par ici! l'interpellai-je.

C'était un jeune homme, sûrement de la même tranche d'âge que moi, à la peau brune et aux allures de gangster, chose étonnante si l'on pensait au fait que c'était l'infirmière de l'école.

Pff...je n'ai jamais aimé les dimanches soirs, on s'ennuie comme un rat mort à ce moment-là. Les élèves restent bien sagement dans leurs dortoirs et ne font pas de bruit, aucune bêtise donc. Et s'il ne font pas de bêtise, le concierge s'ennuie également car il n'a personne à engueuler. Et lorsque qu'il n'engueule personne, on ne peut pas dire qu'il y ait beaucoup d'ambiance dans l'école. Je le voyais balayer la cour, tranquillement. Le bruit des feuilles résonnait dans l'école. Hogwarts dormait.
C'en était trop. Je ne supporte pas le silence, il fallait que je sorte d'ici. J'enfilai donc ma veste et sortis de l'école. J'étais donc là à me promener seul en pleine nuit, dans l'animation du monde extérieur. Je passais mon temps à regarder les nouveautés, par-ci par-là. Subitement, je vis une silhouette assez imposante s'afficher sur mon chemin. Pour faire simple, il était gros. Il avait l'air énervé et avait envie de se défouler, et surement sur moi. Bonne blague. Je crois qu'il m'avait parlé, mais je ne l'ai pas entendu, j'écoutais de la musique sur mon Mp3, un objet assez populaire chez les Moldus. Ca n'a pas dû lui plaire car il eût la mauvaise idée de me pousser. Vu la raclée que je lui ai mise ensuite, il risque pas de se repointer dans le coin avant un bon bout de temps.
Tout cela m'avait donné soif, je décidai donc d'aller à la Tête du sanglier pour boire un vers de jus de citrouille. J'entrai dans le bar, je n'ai même pas pu faire trois pas que j'entendis crier :

- Hé! Par ici!

Encore quelqu'un qui allait me souler. Je tournai la tête pour voir qui m'avait parlé. C'était Zakael. Bon , je ne vais pas me défouler sur lui alors. Je m'approchai de lui quand je m'perçus qu'il sentait l'alcool. Il était déjà loin, et à coup sûr, il allait essayer de me faire boire aussi. Le problème c'est que lorsque sommes sous l'influence de l'alcool, on fait toujours les quatre cents coups, et ca finit souvent par une engueulade de la part des autres directeurs, ce qui me fait souvent rire. Je m'assis donc à côté de lui et lui dis :

- Bon, quel baratin tu vas me sortir pour que je boive cette fois?

En attendant sa réponse, je dégustais mon jus de citrouille.

L'infirmière, je n'aimais décidément pas le terme d'infirmier, vint s'asseoir à côté de moi. Dans sa démarche, je perçus son agacement. Et quoi? s'il n'avait pas envie de me voir, il n'avais qu'à se trouver un autre pub. Les Trois balais par exemple, il aurait été bien dans son environnement! Avec toutes ces chochottes qui se disputent une place autour d'un jus de citrouille... Après tout, il savait très bien que tous les dimanche, j'étais ici. Et même s'il n'était pas venu depuis quelques dimanches déjà, il savait très bien que s'il mettait ne serait-ce qu'un orteil dans ce pub, je lui tomberais dessus à coup sûr. Parce que l'infirmière bourrée, je peux vous assurer que ça vaut le détour. - Ceci est une invitation à venir me retrouver à la Tête de Sanglier tous les dimanches. Ambiance festive garantie. -
Je lui assenai un grand coup dans le dos en m'esclaffant tandis qu'il se commandait un verre de jus de citrouille. Ne me demandez pas pourquoi je riais, je n'en savais fichtrement rien!

- Salut l'Infirmière, ça fait un moment qu'on ne t'avait pas vue ici!

A vrai dire, je n'arrivais jamais à me rappeler son prénom, ni même son nom d'ailleurs. Pour moi, ça avait toujours été l'infirmière de l'école, et ce n'était pas près de changer.
Je tirai un trait sur mon verre et le déposai avec force sur la table. Je me retournai vers lui avec un sourire lumineux. cette partie risquait d'être intéressante...

- Bon, quel baratin tu vas me sortir pour que je boive cette fois?

Bingo, il savait exactement pourquoi je souriais. Je vous l'assure, voir l'infirmière bourrée, c'était un réel plaisir! Il partait très loin, très vite, et il était capable de faire nombreuses choses étonnantes... Je ne vous dirai pas quoi, mais je peux vous assurer que si vous y assistez un jour, vous n'en croirez pas vos yeux.
J'affichai un petit sourire satisfait, hummmm, alors, de quel stratagème allais-je cette fois user?
Je regardai autour de moi un instant, quelque soit le moyen que j'étais prêt à utiliser pour le faire boire, j'arriverai à mes fins. Zakaël Whyte arrivait toujours à ses fins.


- Allons, infirmière, regarde toi. Un grand bonhomme comme toi, et tu bois du jus de citrouille? ça ne va pas ça!

Je vidai ma chope et m'en commandai une autre.

- Regarde, le whisky pu feu, c'est pour les hommes! Le jus de citrouille, c'est pour les tapettes, les tafioles, les chochottes! Tu ne crois pas qu'il serait temps de devenir un grand garçon? Et puis, c'est tellement drôle quand tu bois, t'emballe toutes les filles! Si si, je t'assure...

La serveuse m'apporta une autre chope où je tirai un coup, et que je déposai lentement sur la table. Il n'avait pas l'air hyper convaincu... Allez Zakaël, tu vas faire de ce dimanche un dimanche pas comme les autres. Enfin, si enfait. j'éclatai de rire tout seul.

- Tu veux la même chose que moi? demandai-je en levant mon verre.

Pas de réponse. Je le regardai alors siroter son petit jus tranquillement. Qu'est-ce qu'il m'énervait quand il faisait sa tête de mule! Pourquoi ne voulait-il pas boire avec moi? Bon, d'un point de vue, il buvait avec moi, mais il ne buvait pas ce que je voulais qu'il boive... C'est pas drôle le jus de citrouille, et puis c'est dégueulasse, ça a aucun goût ce truc-là... Nan, mais plus fade tu crèves! En plus c'est orange... BEEEEEEEH.
là, l'infirmière me saoulait encore plus que mon Whisky pur feu. Il fallait qu'il boive! BOOOOOOIS, bon sang! Bois autre chose.
Il ne semblait pas vraiment prêt à coopérer. Et ma patience, une fois bourré comme un âne, était encore plus irritable qu'en temps normal...
Je me levai donc, et donnai un grand coup dans son verre, qui valsa et se brisa par terre.


-Mais BORDEL! Tu vas arrêter avec ton Jus de citrouille oui?! Sois un homme! T'es une infirmière ou pas?

La taverne se fit soudain très silencieuse. Mais c'était quoi leur problème? Ils savaient tous très bien que les dimanche n'étaient jamais tranquilles à la Tête de Sanglier. Bon, j'avais peut-être fait un peu beaucoup de bruit pour rien cette fois, mais tant pis. Après tout, j'étais Zakaël Whyte, et qui plus est, j'avais bu. Gare à celui que me chercherait des noises.