J'étais plutôt fière de moi. Il était vrai que je n'en étais qu'à ma troisième copie, mais j'avais réussi à mettre un Effort Exceptionnel, et j'étais déjà de meilleure humeur. A dire vrai, je commençais à m'inquiéter à propos de ma faculté à transmettre mon savoir... Il était clair que j'étais douée, mais enseigner n'était pas donné à tout le monde. Et si je ne parvenais pas à transmettre le goût des potions aux élèves ? Et si, dès qu'ils sortaient des cachots, ils échangeaient leurs impressions sur le cours en débitant horreurs et méchancetés sur mon dos ? Peut-être venaient-il à mes cours avec des pieds de plombs sans même que je ne m'en rende compte ?
Nous n'étions après tout que des humains... enfin, pour la plupart des professeurs. Mais nous étions en tout cas tous capables d'erreurs, et de se tromper momentanément de route. Il fallait s'en paercevoir à temps, du moins, pour essayer d'éviter de gros problèmes... Nous avions après tout un rôle des plus importants, et j'espèrais ne jamais avoir à l'oublier, comme avait tendance à le faire certains professeurs plus agés...

Ceci dit, je n'étais peut-être finalement pas si nulle. Je n'aurais pas à longé les murs de la salle des professeurs durant la prochaine réunion, subissant des regards hostiles à cause d'un trop plein d'échec. Si un élève avait réussi à avoir pour note un Effort Exceptionnel, c'était que leur cas n'était pas tout à fait désespéré. Je terminais le L de ma meilleur note du moment, quand j'entendis un grincement. Je regardai le plafond, vaguement inquiété à l'idée qu'une des poutres ne s'effondre sur ma précieuse petite tête. Mais ça n'avait pas réellement l'air de venir de là, alors je me dis que des termittes avaient peut-être décidés d'élire domicile dans les sols de notre château ? Mais non, le grincement continuait. Je sentis une onde de colère me traverser, l'espace d'une demi seconde, peut-être, une idée frôla mon esprit bouillonant. Quelqu'un devait drôlement m'en vouloir pour manigancer une telle férocerie dans mon dos. M'empêcher de corriger pour mieux m'évincer, c'était cela la technique ? Eh bien je ne faillerai pas, et je corrigerai, jusque dans l'adversité, jusque dans la mort, s'il le fall...

C'était la porte. La porte qui grinçait. Je faillis pousser un soupir de soulagement, avant de me dire que si la porte grinçait, ce n'était sûrement pas pour rien. Il était clair que quelqu'un se trouvait derrière celle-ci, et je dirais même plus, que ce quelqu'un la poussait. Oh, cela ne m'aurait déranger habituellement, mais là, à ce moment précis, j'avais la désagréable impression d'être un animal pris au piège dans sa propre tanière. J'avais encore le teint rougis par mon emportement, et j'étais incapable de bouger ne serait-ce que le pied.

Enfin, on ne pourrait croire que le fait d'ouvrir une porte puisse durer aussi lontemps, mais j'avais à de nombreuses reprises pus remarquer que le temps était du genre capricieux, surtout lorsqu'il vous tardait de découvrir, en plein suspens....

Une tête blonde, que je détaillai avidement, pressée de savoir qui je devrais dorénavent éviter dans les couloirs du château. Je fus soulagée de constater que ce n'était pas une élève, qui irait raconté à tord et à travers que sa professeur de Potion faisait des choses pas très catholiques avec une serpillère dans le placard à balais. Par contre, ce qui était moins amusant, c'était que je reconnus parfaitement la professeur de défense contre les forces du mal, et directrice de Poufsouffle.. Je lui avait parlé deux trois fois, sans plus, mais... Je sentais que j'allais devoir remédier à ça. Et dans un future très proche.

Je sentis plus que je ne vis les yeux d'Ellie Vespucci se poser sur moi. J'attendis l'interrogation incontournable qui allait bientôt finir par me tomber dessus, mais rien ne venait. Au contraire, la professeur laissa la porte se fermer. Tout d'un coup, j'entendis un gloussement. Je fixai la jeune femme, persuadée que cela ne pouvait tout de même pas venir d'elle... Il n'empêche qu'il n'y avait qu'elle et moi, et que logiquement, si ce n'était pas moi, ça devait être...

Le gloussement retentit à nouveau... Vous saviez que l'on appellait ce genre de rire, "le rire du pigeon" ? Cela ferait apparement le même bruit, quand on rie, mais la bouche fermée. Sauf que sa bouche ne tarda pas à s'ouvrir, et le bruit ne ressembla plus du tout à un quelconque piallement. Non, enfaite, la jolie blonde aux yeux clairs avait, à ce qu'il me semblait, un fou rire. Ou alors, elle avait avalé de travers et était entrain de s'étouffer lamentablement dans un placard à balais. De toutes les façons, je ne pouvais pas l'aidée, bloquée entre mon amie la serpillère et mon âme soeur le balais. Son éclat de rire dura longtemps, et elle tenta plusieurs fois de se rattraper, mais en vain. Je la regardai en souriant gentiment. Elle m'avait l'air bien sympathique, cette collègue. Et après tout, nous étions toutes deux directrices de maison, les Gryffondor et les Poufsouffle s'étaient toujours très bien entendus... Son rire l'amena jusqu'à s'écrouler à terre, tandis que je mettais un point d'honneur à garder mon sourire poli accrocher aux lèvres.

- Drôle d'endroit pour faire des corrections ? Enfin au moins d'ici, on n'entend pas c'est fichus elfes.

Je poussai un soupir de soulagement qui fit bouger la serpillère, la rapprochant encore de mon visage. Il était vrai qu'elle ne sentait pas la rose, mais si mon avenir à Poudlard en dépendait, je souffrirai en silence. J'étais extrêmement contente. D'ailleurs, mon sourire gigantesque dû le montrer.

- Je suis si heureuse que vous compreniez ! C'est un véritable enfer, je n'aurais pas pu le supporter plus longtemps...

Soudain, mon horizon s'illumina. Mais c'était pourtant évident ! Elle aussi squattait les cachots habituellement, et avait dû être chassé par le bruit insuportable des elfes. Un air compatissant se peignit sur mon visage. Je la regardai ainsi durant quelques secondes, imaginant le calvaire qu'elle avait dû ressentir. Enfin, je me penchai d'un côté, farfouillant vaillament parmis le bric à brac du placard. Victorieuse, j'en sortis un seau d'une belle couleur verte pâle (oui, c'était ironique), et, déplaçant un récipient contenant je ne sais quel produit ménager, je l'installai devant moi.

- S'il y a la place pour un, il y en a pour deux, dis-je, un grand sourire aux lèvres.

Quelle idée saugrenue que d'aller faire des corrections dans un placard à balai. Pourtant c'est ce qu'avait fait Emma Huntington, professeur de potion de l'école Poudlard. Ecole ou moi-même, Ellie Vespucci, j'étais professeure de défense contre les forces du mal. Je l'avais suivie durant sa course folle à travers le château et avais fini par m'écrouler au sol...de rire. J'avais été prise d'un fou rire, un sacré fou rire même. C'est à dire que voir notre bien aimée professeure de potion assise sur un seau retourné, avec une serpillère de couleur douteuse à quelque millimètre de ses cheveux. Elle qui était toujours très bien habitué et qui faisait toujours attention à elle. A mourir de rire. Ce qui avait bien failli m'arriver. Heureusement je m'étais reprise et avais réussi à aligner une phrase sans que des gloussements ne se frayent un chemin dans ma gorge. Je lui avais fait remarquer que c'était un bien drôle d'endroit pour corriger des copies, même si d'ici on entendait plus les elfes qui faisaient une espèce d'orgie dans la cuisine vue les bruits bizarres qui s'en échappaient. Emma poussa un soupire. Elle devait être soulagée que je ne sois pas un élève. Il aurait été trop heureux d'aller raconter à ses camarades que sa professeure de potion avait des manies assez étranges. Je pouvais comprendre.

- Je suis si heureuse que vous compreniez ! C'est un véritable enfer, je n'aurais pas pu le supporter plus longtemps...

Un air compatissant se peignit sur son visage. Je ne savais pas trop comment réagir. Devais-je prendre un air...Non, laissons tomber ! Emma se mit alors à farfouillé un peu partout. Je me demandais, si elle n'était pas réellement folle. Que faisait-elle ?
Elle sortit des profondeurs obscures du placard un seau encore plus douteux que celui sur lequel elle était assise. Il était d'un couleur de...j'hésitais entre le vomis d'épinard ou la merde coulante. Mais peu importe, on a tous compris de qu'elle couleur était le seau. Pas besoin d'entrer dans les détailles. Ensuite, Emma déplaça quelques récipients, créant ainsi un petit espace près d'elle.

- S'il y a la place pour un, il y en a pour deux, dis-je, un grand sourire aux lèvres.

Sérieux ! Moooooooh, c'était tellement sympathique de sa part. Je lui souris de toutes mes dents blanches dignes d'une publicité pour dentifrice.

- Merci, c'est tellement gentille !

Je m'installais tant bien que mal sur le seau, espérant de tout coeur que la couleur verte avait séchée et qu'elle ne tâcherait pas mon jeans. Maintenant, il me fallait des corrections à faire. Ce n'était pas ce qui manquait dans mon bureau...Mon bureau, il était loin. J'aurais dû y penser. Une seconde ! Je suis une sorcière ! Une bête sorcière, mais une sorcière tout de même !

- Accio corrections !

Je me tournais vers Emma

- Il va bien falloir que je m'y mette, même si je doute que les élèves aient compris quoi que soit à mon cours sur le bézoard.

Pendant que je disais ça, mes copies étaient arrivées par la porte que j'avais pris le soin d'ouvris après avoir lancé mon sort. Je les pris et les posai sur mes genoux. Oups ! Je n'avais pas de stylo rouge. Très important pour les corrections !

- Accio stylo rouge !

Ha ! Le voilà déjà qui arrivait à toute vitesse. Je le saisi au vol, avant qu'il ne s'écrase contre un truc qui traînait dans le placard.
Ensuite, j'entrepris de corriger la première copie. Effectivement, les élèves n'avait strictement rien compris de mon cours. Ce n'était pourtant pas compliqué ! Ce serait réellement catastrophique dans les années suivantes, si déjà maintenant ils n'arrivaient pas à suivre un cours aussi simple que celui sur le bézoard. Il fallait que je fasse part de mes préoccupations à ma collègue.

- C'est incroyable tout de même ! Ne pas savoir qu'on trouve le bézoard dans l'estomac d'une chèvre ! C'est un comble tu ne trouves pas ?

Le tutoiement avait fusé naturelle et j'espérais qu'elle ne m'en tiendrait pas rigueur. Après tout nous ne nous étions pas beaucoup parlé auparavant. Je toussotais, il y avait pas mal de poussière ici. Je repris mes corrections, désespérée par la stupidité prodigieuse de mes élèves. Enfin, je tombais sur un devoir qui apparemment avait été bien fait. Les réponses étaient correctes, recherchées et bien exprimées. Cela méritait bien un Optimal. Pourtant quelque chose me chiffonnais, je ne me souvenait pas avoir parlé du fait que les bézoard pouvait soigner les blessures causée par un vampire. J'étais sûr de ne pas l'avoir dis, d'ailleurs ce genre d'information ne se trouvait que dans un des livres de la réserve. Il faudrait que je dise deux mots à cet élèves. Je relevai son nom. Et poursuivis mes corrections. Préoccupée.