Une ombre marchait seule le long de la fameuse forêt interdite. Mais interdite pour qui ? Elèves ou professeurs ? Ou les deux peut-être ? Ne sait-on jamais. Qu’est-ce qui pouvait bien y avoir à l’ombre de ces grands arbres ? Des bêtes effrayantes ? Ou pire encore…
L’ombre marchait silencieusement, elle venait de sortir du couvert des végétaux. Qu’avait-elle été faire là-bas ? Seul les étoiles en avait été témoins. Elle trainait sa silhouette sur le sol. On avait l’impression qu’elle était sans vie, ou presque. Tout d’un coup, elle s’arrêta, tournant le visage derrière elle. Un animal venait de passer dans le couvert des buissons. Sans bruits. Comment la créature l’avait-elle vu ? Par l’odorat. En ce moment, c’était le sens qui était le plus développé en elle. Elle retroussa son nez, humant l’air à pleins poumons. « Sang… Sang chaud. Manger. » Ce ne furent que murmure. Mais dans le silence présent, c’était déjà trop. Quelqu’un serait passé par là, aurait pris ses jambes à frêle cou et se serait enfuit du plus vite que lui permettais ses articulations.
Alors que la créature s’apprêtais à changer de direction, allant vers le petit animal tapit dans les fourrés, il y eut un bruit de porte qui claque. Bondissant hors de son terrier, le lapin s’enfuit à travers bois. Pas de proie ce soir. La silhouette se redressa, grognant de frustration. Comment en était-elle arrivée là ? Elle n’était plus parvenue à ce stade de débris humains depuis longtemps. Humain ? Non, plutôt animal, une chose sans nom, une horreur, un déchet de la société. Mais ce n’était pas sa faute. Non. Elle avait juste oublié de boire son flacon. Elle avait cru pouvoir surmonter ce deuxième soi. Mais elle s’était trompée. C’était beaucoup trop encré en elle, pour pouvoir changer. Pour retourner à son statut de simple mortelle.
Elle essayait vainement de conserver un esprit clair, sans qu’il soit aveuglé par la soif. La soif de sang. Elle avait de plus en plus de mal. Qui était-elle ? Elle n’arrivait même plus à s’en rappeler. Elle avait besoin de boire. Oh oui, beaucoup boire. « Sang… Je sens de la chaire fraiche, oui… » Non, elle ne pouvait pas se laisser aller de la sorte ! Mais ses lèvres se retroussèrent, et ses yeux changèrent de couleurs. C’était perdu. Elle avait perdu, une fois de plus. Ce monstre qui était en elle gagnait à chaque fois. Elle ne pouvait rien contre lui. Seule la potion pouvait faire effet. Mais elle s’était sentie trop fière, trop arrogante, trop sûr d’elle pour daigner la prendre.

Son esprit logique avait complètement déserté. Elle ne pensait plus qu’à boire, à étancher sa soif. Jamais encore elle n’avait été à ce point rabaissé à l’conscience de ce monstre sanguinaire. Elle se rappela qu’elle était dans une école. Ecole ? C’est-à-dire des élèves. Du sang jeune. Du sang frais. Oui. Oui, il fallait qu’elle arrive à se remettre debout et à avancer en direction des lourdes portes. Mais où était-elle ? Quelle école ? Elle n’en savait plus rien. Seulement qu’elle était en compagnie de jeune et beaux étudiants. La silhouette se releva tant bien que mal. Elle était faible. Oh oui, faible. De la bave coula le long de son menton, brusquement, elle s’essuya la bouche avec sa main. Entre temps, ses canines avaient quelque peu poussées, et elle s’écorcha la main. « Sang, sang ! » Elle prit sa main entre ses lèvres. « Argh ! » Bien sur ! Etait-elle si bête ? Son sang ne convenait pas, beaucoup trop sale. Comme quoi, elle n’arrivait plus à raisonner normalement. Quelle personne censée se mordrait la main pour s’abreuver de son propre sang ? Aucunes. Sauf elle.

Dans un élan de lucidité, elle hurla. Une sorte de grognement qui ressemblait vaguement à un « oh secours ». On devait l’aider. Sinon, ça serait la fin. Elle tomba par terre. Essayant de se relever en s’appuyant sur les mains, elle ne fit que s’étaler un peu plus dans l’herbe. Et chuta dans un semi-coma. Elle rêvait. Elle était petite. Elle jouait dans son jardin. Il faisait tard, et ses parents regardaient les nouvelles. La petite fille entendit un bruit, comme si l’on froissait des feuilles. Elle se retourna vers les buissons. Quelqu’un était là. Accroupis, à la regarder. Encore dans l’innocence de l’âge, elle s’approcha de l’inconnu en sautillant.
« Bonjour jeune demoiselle ». Elle s’approcha encore. L’homme en face d’elle avait un regard rouge. Et des pointes blanches dépassaient d’entre ses lèvres. « Tu as un beau cou, le savais-tu ? » « Laisse-moi le voir de plus près ». Au fur et à mesure qu’il parlait, ses yeux ses pupilles se dilataient toujours plus. Et avec que la petite fille puisse dire un mot, il lui sauta à la gorge. Un horrible cri, de douleur mélangé à de la peur sortie de la bouche de la gamine. Mais ses parents arrivèrent trop tard. Elle gisait sur le sol, plus aucune trace de son agresseur. Seul témoignait une horrible blessure. Tout son cou était maculé de sang, une plaie béante laissait apparaître un flot continu de liquide rouge. Jamais encore on avait fut pareille blessure. Sanglante, horrible. À faire vomir le plus dur de tous.
Pendant la semaine qui précéda cette attaque, elle fut prise de convulsions sans raison. Non-stop. Sa mère ne savait plus que faire. Et elle resta enfermé dans sa chambre nuit et jour.
Quand un soir, la jeune fille sortit de son lit. Son père était en bas. Assoiffée de sang, elle se rua sur lui. Et lui vida presque tout son liquide sanguin, en moins de temps qu’il n’en faut. Il ne survécu que par miracle.
Aux cris de son mari, la mère accourra, et ne put que constater les dégâts.
« Noooooooon, Neeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeell ! »

La silhouette étendue dans le parc de Poudlard se réveilla en sursaut. Ça faisait longtemps qu’elle n’avait plus rêvé de ça. Mais en un quart de tour, son instinct d’animal repris le dessus, et elle hurla encore plus fort. Elle avait besoin de sang. Et plus vite. Elle se sentait proche de la délivrance. Encore quelques minutes dans le même état, et elle pourrait causer de tels ravages. Tous ces cous tout frais qui l’attendaient dans l’enceinte du château…
Elle devait y arriver. Elle devait boire du sang. Vite.